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Genève: Habiter en ville aux XIXe et XXe siècles

Riche en enseignement sur l’évolution du paysage urbain à Genève, je voudrais remercier Patrimoine Suisse pour leur passionnantes conférences sur le patrimoine Genevois du XIXe et XXe siècles.

Jusqu’en 1849, Genève était installée sur une colline appelée autrefois « Crêt de la Chauvinière »  entourée de fortifications en « étoile ».  Avant cette date, la Vieille Ville affichait son opulence par un front d’immeubles de grand standing « entre cour et jardin » dont l’édification (1720–1786) avait fait l’objet d’un plan architectural ambitieux de la part des autorités, première tentative d’urbanisation de la ville. Ces magnifiques hôtels particuliers à l’image des villas patriciennes françaises de l’époque étaient pour la plupart les demeures des descendants d’exilés ayant fui les persécutions françaises au moment de la révocation de l’Edit de Nantes :  l’Hôtel de Sellon en est un très bel exemple. Le style classique des immeubles témoigne de l’esprit conservateur et rigoureux d’avant la Constitution de 1846 : architectures uniformes, alignements sévères, corniches continues, aucun balcon, aucune ornementation.

Relief MagninSous l’impulsion de James Fazy, les fortifications furent détruites en 1849 permettant ainsi à la ville de faire face à l’augmentation de sa population et  à son développement économique. La ceinture fazyste (d’une surface égale à celle de la ville elle-même) désignera les bâtiments construits à l’emplacement des terrains ainsi libérés. Je vous conseille de visiter la MAISON TAVEL, la plus ancienne demeure de Genève dans laquelle vous découvrirez une représentation de Genève avant la destruction de ses fortifications, extraordinaire maquette réalisée par l’architecte Auguste Magnin, fou de maquettes,  qui mettra 18 ans (élipse d’environ 30 M2 pour un poids de 800 kgs – image à droite et cliquer sur Maison Tavel) pour nous offrir ce magnifique reflet de l’histoire.

Au début du 20ème,  la vie des habitants de Genève se tourne vers l’extérieur : les immeubles sont percés de grandes baies vitrées, les salons se prolongent sur les balcons sous pignons. Tourelles et toits vernissés témoignent d’une volonté de se différencier.  Les immeubles affichent la réussite de leurs propriétaires, commerçants et banquiers constituant la riche bourgeoisie de l’époque.  La décoration est opulente et les matériaux choisis  de belle qualité. Les intérieurs sont composés de très grands appartements (environ 300 M2) et les façades sont richement décorées.  Certains n’hésitent pas à afficher leur goût du luxe comme en témoigne  la Maison Royale ou l’influence de mouvements  artistiques tel le style Art Nouveau de la Maison des Paons a l’objet d’une conférence par Yves Peçon lors de cette Journée du Patrimoine.  L’installation de la Société des Nations en 1919 qui deviendra plus tard l’ONU suivie de nombreuses ONGs et d’internationaux donnera à Genève une nouvelle identité :  « La Genève internationale ».

Dès 1943 et ce jusqu’au premier choc pétrolier de 1973, les « Trente Glorieuses» profitent à la Suisse qui par sa neutralité n’a pas souffert de la 2ème guerre mondiale et a gardé toutes ses infrastructures intactes.  Des nouveaux quartiers apparaissent :  Champel,  Malagnou, Florissant.   En 1980, un deuxième choc pétrolier suivi de l’éclatement de la bulle immobilière feront de la fin du XXème siècle une période sans innovation particulière ni grande modification du paysage urbain de Genève.